l'OuViPo c'est quoi?

L'Ouvroir de Ville Potentielle c'est quoi?

Musiciens, acousmaticiens, photographes, urbanistes, architectes, mathématiciens, géographes, artistes, poètes, écrivains, journalistes…sont invités à réfléchir sur des thèmes ayant trait à la ville, l’urbanisme, l’aménagement du territoire, l’architecture.

Ces textes doivent servir de terreau pour initier de nouveaux projets, faire de la ville un support d’initiatives créatives, révéler son potentiel esthétique et artistique.

17 février 2015

La réponse de Romain Quesada


Il y a du bruit tout autour, ça piaille dans tout les sens... Les bruits sourds des auto-tamponneuses endolorissent l'oreille autant qu'ils excitent l'imaginaire... Dedans ou dehors, un joyeux chaos pour les initiés des jeux comme de la ville. Mais voilà, vous êtes devant cette pince aléatoire, qui ne semble pas vouloir vous faciliter la tâche.  Gauche, droite, devant, derrière... Peu de diagonales ? La norme c’est l’ortho, l'ortho s’est normée !
La règle du jeu vous semble claire, les contraintes entendues et l'objet de votre désir bien en vue. Vous engagez le combat pour aller droit au but. Joystick en main, à gauche toute, légèrement devant, réajustement à droite mais pas trop... Stop !  Maintenant, vous pouvez activer la commande fatidique − Sure you want to press the red button ? − GO  − la pince descend, tanguant toujours un peu... Elle glisse, tombe dans le vide... jusqu'au sol. Les objets sont gigantesques et densément disposés...La densité c'est la clef, on est gagnant à tout les coups qu'ils disaient !  Bon, c'est pas que ce petit pavillon au milieu de son jardin souhaité était le seul et l'unique... Vous vous seriez contenté de 3 fois rien, juste de quoi vous permettre de sentir votre interaction avec cet univers sous scellé, votre univers pour rappel. Celui où pourtant, seuls les initiés ont le droit de jouer et maîtrisent ces outils d'experts. Envie de gagner ? Ou pas ...Tout au plus, celui de réclamer son droit de cité.
  
Une sonnerie. 

Mais... ?!  Seconde chance. Merveilleux augure pour les perdants,  possibilité de RE-jouer. Le premier coup aura servi à essuyer les plâtres. Cette fois-ci, vous allez utiliser une autre stratégie. Certains diront « A la façon Monsieur Jourdain » ( un peu malgré vous ...), mais ne les écoutez pas. Vous êtes là et bien là. C'est vous face à ce jeu, cet échiquier aux règles complexes qui composent votre paysage. La ville sous cloche.
La 4 ème dimension se révèle petit à petit, les mouvements brusques, nerveux, inattendus, abrupts, « aléatoires » de cette pince semblent de plus en plus maîtrisés, vous percevez que la mécanique est bien mieux huilée qu'il n'y paraissait.  Mais il va falloir du temps…une posture ? L'opposition brute à la machine, usure, lassitude, résignation, se font sentir. Trop d'empathie et d’acceptation, vous ne savez plus faire la différence entre nécessaire désir d'avenir et soumission à la réalité. 
La voie du milieu... ?

Et si cette satanée « pince », n'était pas l'outil adéquat... ?
Quelle autre entrée dans cette mécanique qui vous aguichait… ? Voilà que votre désir premier et futile de vous intéresser à ce jeu, se transforme en jeu de rôle, de joueur passif vous devenez acteur. C’est ainsi que vous prenez part, un peu maladroitement, à juste titre à une organisation atteignant votre univers. 

Quelle qu'en soit l'issue, votre manœuvre impactera l’ordre préétabli, de manière plus ou moins visible, plus ou moins massive, et comme le dit cet autocollant usé sur la vitrine :


«  Le jeu en vaut la chandelle ! » 


Romain Quesada est urbaniste paysagiste. Il intervient à différentes échelles et sur des territoires variés. Il a développé une expérience  dans  l'élaboration de stratégies métropolitaines, urbaines ou paysagères (55 000 hectares pour la nature et 50 000 logements – Bordeaux Métropole); dans l'élaboration  pré-opérationnelle de valorisation urbaine et environnementale de territoires délaissés ( Secteur Carès-Cantinolle – Eysines -Fabrique métropolitaine / Valorisation de la plaine du Faisan – Carbon Blanc – Bordeaux Métropole / Valorisation urbaine du bourg d'Hastignan – Saint Médard en Jalles – Bordeaux Métropole ).

Une démarche de projet fondée sur l'environnement et les forces vives du territoire, tendent régulièrement au partage de la connaissance  et à la réalisation participative des projets. Si l'activation du site peut en être un objectif fort, il s'agit aussi d'assurer le meilleur cadre de rencontre entre le contexte initial et son devenir – Faire territoire -




16 février 2015

La réponse de Vincent Menauge



Vincent Menauge est dessinateur humoristique et militant à "Osez le féminisme".

La réponse d'Anso Nomae

La ville dans son entité, un conglomérat hasardeux de musiques, de sons de bruits de fonds......Une continuité entre les vibrations de la machine à laver et les conversations téléphoniques. Deux individus non identifiés rigolent d'une blague secrète. La voisine crie sur son chat. Un conducteur gare sa voiture et rate son créneau. Il s'y reprend à deux fois. Le silence pur n'existe pas. Même le frigidaire du voisin fait des bruits bizarres. L'isolation ne sert à rien, le son est partout. Dans le corps , dans les rues, dans  l'appartement. Les stades déroulent des chants volatiles et audibles à portée de vent. Il y a toujours un ronronnement qui n'est pas naturel. Un son "urbain". Une fréquence qui rassure, indiquant que d'autres sont sur le même mode de vie. Mais personne ne se parle. Le voisin, on le connait mieux aux basses qui résonnent et aux odeurs de bouffe dans le couloir, qu'aux bonjour/bonsoir adressés dans l'ascenseur. Il arrive même que l'on s'imagine la tête de quelqu'un aux bruits qu'il répercute. Celui qui passe toujours son aspirateur le samedi entre 10h et 11h. Son visage est inconnu, mais on diagnostique une personne maniaque. La musique qui s'emballe sur nos murs nous crée une image subliminale du possesseur de la chaine HiFI. Et chacun dans son rempart se cache, chacun essaie de ne pas se dévoiler. Etre anonyme au milieu de la foule, c'est mieux qu'être seul au milieu de rien. Chacun se bâtit son petit empire personnel, sa bulle. Mais le son est là, et la bulle se fissure. L’anonymat demeure mais la personne existe. Tant qu'elle émet un bruit. Pourtant, le rituel du son brise l'intimité, donne une vision du chœur humain.
L'urbain a besoin de cette proximité autant qu'il la déteste. Il chérit un silence protecteur mais rejette la possibilité d'un éloignement de l'autre. Il est un être en paradoxe. Le son est pour lui autant existence qu'anonymat. Et son absence devient synonyme de mort. L'urbain n'existe que dans un bruit de fond, sans mot dire....


Anso Noame est photographiste et rêveuse absconse. Son site internet bientôt !