l'OuViPo c'est quoi?

L'Ouvroir de Ville Potentielle c'est quoi?

Musiciens, acousmaticiens, photographes, urbanistes, architectes, mathématiciens, géographes, artistes, poètes, écrivains, journalistes…sont invités à réfléchir sur des thèmes ayant trait à la ville, l’urbanisme, l’aménagement du territoire, l’architecture.

Ces textes doivent servir de terreau pour initier de nouveaux projets, faire de la ville un support d’initiatives créatives, révéler son potentiel esthétique et artistique.

16 février 2015

La réponse d'Anso Nomae

La ville dans son entité, un conglomérat hasardeux de musiques, de sons de bruits de fonds......Une continuité entre les vibrations de la machine à laver et les conversations téléphoniques. Deux individus non identifiés rigolent d'une blague secrète. La voisine crie sur son chat. Un conducteur gare sa voiture et rate son créneau. Il s'y reprend à deux fois. Le silence pur n'existe pas. Même le frigidaire du voisin fait des bruits bizarres. L'isolation ne sert à rien, le son est partout. Dans le corps , dans les rues, dans  l'appartement. Les stades déroulent des chants volatiles et audibles à portée de vent. Il y a toujours un ronronnement qui n'est pas naturel. Un son "urbain". Une fréquence qui rassure, indiquant que d'autres sont sur le même mode de vie. Mais personne ne se parle. Le voisin, on le connait mieux aux basses qui résonnent et aux odeurs de bouffe dans le couloir, qu'aux bonjour/bonsoir adressés dans l'ascenseur. Il arrive même que l'on s'imagine la tête de quelqu'un aux bruits qu'il répercute. Celui qui passe toujours son aspirateur le samedi entre 10h et 11h. Son visage est inconnu, mais on diagnostique une personne maniaque. La musique qui s'emballe sur nos murs nous crée une image subliminale du possesseur de la chaine HiFI. Et chacun dans son rempart se cache, chacun essaie de ne pas se dévoiler. Etre anonyme au milieu de la foule, c'est mieux qu'être seul au milieu de rien. Chacun se bâtit son petit empire personnel, sa bulle. Mais le son est là, et la bulle se fissure. L’anonymat demeure mais la personne existe. Tant qu'elle émet un bruit. Pourtant, le rituel du son brise l'intimité, donne une vision du chœur humain.
L'urbain a besoin de cette proximité autant qu'il la déteste. Il chérit un silence protecteur mais rejette la possibilité d'un éloignement de l'autre. Il est un être en paradoxe. Le son est pour lui autant existence qu'anonymat. Et son absence devient synonyme de mort. L'urbain n'existe que dans un bruit de fond, sans mot dire....


Anso Noame est photographiste et rêveuse absconse. Son site internet bientôt !  

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